Je mis à profit les quelques heures passées en avion pour me replonger dans le Petit Prince de Saint-Exupéry, relecture que je voulais entreprendre depuis longtemps. Mon voyage commença avec ces mots: "Lorsque j'avais six ans j'ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la forêt vierge qui s'appelait Histoires vécues. Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve."
Ce raid moto Africain était pour moi une première, et quand l'avion sur posa sur l'unique piste du petit aéroport de Ouarzazate je compris que l'aventure allait bientôt commencer, et je laissais derrière moi mes habitudes de "Français".
Dans la file d'attente causée par un douanier local zélé, je fit connaissance de Lionnel, 40 ans, pâtissier à Bordeaux et qui sera mon unique collègue participant à ce raid. Nous fîmes connaissance dans le taxi, une vieille Mercedes, qui nous conduisait à Agdz à 60 km de Ouarzazate où gît Thierry, qui sera notre guide durant cette aventure. La dernière fois où Lionnel avait fait de la moto TT remonte à 20 ans, époque à laquelle il pratiquait le cross ! Ses débuts sur les pistes pierreuses Marocaines furent donc un peu difficiles mais il s'est ensuite très bien adapté et notre binôme a bien fonctionné.
En quelques mots l'organisation était au top, en plus du guide moto il y avait deux accompagnateurs en 4x4 dont un cuisinier Marocain. Nous avons bien mangé, même lors des pauses déjeuner de midi.
Pause déjeuner de midi . . . sur le sable
Les hébergements étaient maisons d'hôtes, hôtels et bivouac.
Bivouac seuls au monde
Tout d'abord, je suis content d'avoir relevé le défi lancé par mes potes : faire une photo de vache, comme souvent lors de nos sorties régionales.
Les paysages sont grandioses, le regard s'y perd. Nous avons franchi des cols à 3900 mètres d'altitude, traversé de larges plaines, des oueds ou des lacs asséchés. On a vraiment du mal à s'imaginer toutes ces étendues remplies d'eau !
Traversée du Lac Iriki
Puis tout d'un coup on tombe sur une oasis de verdure, une palmeraie ou un jardin cultivé et là . . . c'est magnifique !
On se rend compte que peu de choses sont réellement nécessaires à la vie, un puits pour cultiver un peu de blé, des fèves, quelques amandiers, grenadiers ou dattiers et c'est toute une famille qui vit là, au milieu des cailloux dans une maison faite de briques en terre.
A peine arrêté et descendu de moto pour une pause, on voit surgir de nulle part des enfants à des centaines de mètres alors qu'ils n'étaient pas là quelques minutes auparavant. Un, deux, quatre et en voilà dix, souvent mal chaussés, qui courent dans la rocaille pour venir jusqu'à nous.
Les enfants sont présents partout, il faut être extrêmement vigilant quand ils se tiennent au bord des pistes ou lorsqu'on traverse des villages. Ils sont contents de voir du monde, nous acclament de leurs rires et de leurs cris mais souvent demandent aussi des vêtements ou des sucreries. Eux, ils n'ont pas de caries à cause d'une surconsommation de bonbons . . .
Je n'ai pas eu le sentiment que ces gens étaient malheureux, malgré la pauvreté qui contraste avec notre vie, il n'y pas de réelle misère. Ils ne se plaignent pas de leur situation auprès des touristes. Les Marocains demeurent des gens très accueillants et très ouverts, même sur le monde car la TV satellite et Internet sont à la portée de plus en plus d'habitants. Cette année ce coin de Maroc était particulièrement vert, même le désert, en raison d'abondantes et d'exceptionnelles pluies tombées en octobre.
Dans l'avion qui nous ramenait à Paris, alors que Lionnel dormait quelques sièges à côté, je me remémorais la semaine, les bons moments vécus, les rencontres, et le sentiment d'avoir découvert de manière authentique un bout d'Afrique. Ce n'est pas sans pincement au cœur que je rêvais. . .
Je savais que lorsque le Boeing se sera posé à Orly, j'y retrouverai la vie à l'européenne, avec ses gens pressés, ses futilités, ses excès . . . mais j'emportais près de 500 photos sur le numérique (une sélection est visible dans l'album), des images et des senteurs plein la tête. Une semaine sans télé, sans média, sans présidentielle et sans Internet ça fait fichtrement du bien !
Le voyage pris fin alors que je refermais les dernières pages du Petit Prince : "Regardez le ciel. Demandez-vous : " Le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ?" Et vous verrez comme tout change . . . Et aucune grande personne ne comprendra jamais que ça a tellement d'importance ! " Déjà je me demandais quand je pourrai repartir, revivre de tels moments . . .
" Regardez attentivement ce paysage afin d'être sûrs de le reconnaître, si vous voyagez un jour en Afrique, dans le désert. Et, s'il vous arrive de passez par là, je vous en supplie, ne vous pressez pas, attendez un peu juste sous l'étoile ! Si alors un enfant vient à vous, s'il rit, s'il a des cheveux d'or, s'il ne répond pas quand on l'interroge, vous devinerez bien qui il est. Alors soyez gentils ! Ne me laissez pas tellement triste : écrivez-moi vite qu'il est revenu . . . " Un jour, j'y retournerai . . .
In Chaa Allah !
Hors bivouac, voici où nous avons dormi :
- Gîte d'étape TAMALOUTE chez El-houssine Azabi à Bou Tharar
- KASBAH BAHA BAHA à N'Koob : http://www.marweb.net/bahabaha/baha_baha.htm
- CHEZ LE PACHA à Zagora : http://www.jnane-lepacha.com/
- AUBERGE IRIKI à Foum-Zguid : http://www.auberge-iriki.com/index.htm
Organisteur du raid : EDEN AVENTURE http://edenaventure.info/