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L'Alsace est une des régions d'Europe qui compte le plus de châteaux forts médiévaux, aujourd'hui majoritairement en ruine. Avec plus de 500 édifices, l'Alsace présente la plus forte densité de châteaux en France.

 

LandsbergT

 

Les raisons de cette forte densité

 

Elles sont d'ordre géographique et politique. A l'époque il s'agit de maintenir des zones d'influence et des bastions du Saint-Empire Romain Germanique auquel l'Alsace est rattachée. Des luttes régulières opposent le pouvoir impérial et l'Eglise. Les châteaux servent également de points d'appui à de puissants seigneurs et grandes familles d'Alsace. Le nombre élevé de sites castraux (construction audacieuse et prouesses architecturales) s'explique aussi par la richesse locale.

 

 

Architecture

 

Le château alsacien est pratiquement toujours conçu comme un labyrinthe, épousant le sol, tirant parti au maximum de l'assise sur le terrain. Son allure complexe le distingue de ses voisins français ou anglais au plan géométrique simple. Dès le XIIè sicèle, le grès et le granit sont les principaux matériaux de construction qui remplacent le bois.

 

BirkenfelsT

 

Le château fort alsacien n'est pas toujours équipé d'un pont-levis, et souvent dépourvu de douve. En creuser et les remplir d'eau aurait relevé de l'exploit. Si les portes en chêne restent vulnérables, leur configuration dans un coude rend impossible l'usage d'un bélier. Le recours à des catapultes était laborieux pour un château en altitude. Le donjon, ultime refuge en cas d'attaque, est le plus souvent une tour de défense et de guet; à la différence du Royaume de France où il sert d'habitation.

 

Avec la succession des propriétaires et les objets de discorde au fil du temps, un 2ème édifice est souvent rajouté au site primitif. Il s'agit parfois d'un château de siège, se superposant au premier ou implanté dans son voisinage. Ainsi, le Ramstein est le siège de l'Ortenbourg, le Lutzelbourg et le siège du Rathsamhausen.

 

OrtenbourgT

 

Eléments de défense

 

Les machicoulis sont pratiquement inconnus et remplacés par des balcons de pierre surplombant la muraille et la porte d'entrée. Les éléments de défense évoluent en fonction des époques. Les meurtrières sont remplacées par les archères, minces fentes adaptées au tir à l'arc, comme au Landsberg et à l'Ortenbourg.

 

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Au XIIIè siècle, l'archère devient cruciforme pour permettre le tir à l'arbalète. Avec l'arrivée de l'arquebuse, l'ouverture sera circulaire. L'apparition des armes à feu s'accompagne d'une augmentation de l'épaisseur des murs et de l'élévation de tours d'artillerie aux points faibles de la forteresse (Schoeneck, Landsberg, Haut-Koenigsbourg).

 

 

Sept siècles entre splendeur et décadence

 

Avant l'an Mil, les mentions de châteaux sont rares. L'Alsace est gouvernée par des ducs puis vite morcelée en d'innombrables seigneuries.

 

Au XIIè siècle : L'empereur du Saint-Empire Romain Germanique construit les premiers burgs. Parallèlement, quelques grands noms dominent en Alsace et possèdent de nombreux châteaux. Ainsi, le Guirbaden et le Bernstein appartiennent aux Eguisheim, illustre famille dont Bruno d'Eguisheim deviendra le Pape Léon IX. Les comtes de Ferrette et les Hohenstaufen sont présents dans le nord de l'Alsace. En centre-Alsace, les Hohenstaufen fondent le Haut-Koenigsbourg, possèdent le Guirbaden des Eguisheim et s'emparent du Landsberg.

 

BernsteinT

 

Période 1138-1254 : Le règne des Hohenstaufen favorise le mouvement des villes libres, qui s'arment et s'opposent au pouvoir des seigneurs, réfugiés dans leurs forteresses de montagne.

Afin de préserver les acquis de la famille impériale, des castels sont également confiés à des ministériels d'Empire, tels les Rathsamhausen. Plus tard, le rôle politique et culturel des forteresses décline, au profit de seigneurs locaux qui usurpent des droits et élèvent leurs propres demeures foritifées.

 

Période 1250-1273 : Après la disparition des Hohenstaufen, le grand Interrègne plonge l'Empire dans le chaos.

 

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En 1273 : fondation de la dynastie des Habsbourg qui maintient l'Alsace "autrichienne" jusqu'en 1648. Ceux sont les Habsbourg qui, après les Hohenstaufen, résident dans le château du Haut-Koenigsbourg. Ils construiront également l'Ortenbourg et le Lichtenberg.

 

Vers 1444 : les Français du futur Louis XI, les Armagnacs, mettent une partie de l'Alsace à feu et à sang.

 

Au cours du XVè siècle : plusieurs chevaliers brigands font main basse sur des sites castraux, tel le Ramstein, l'Ortenbourg, le Haut-Koenigsbourg, le Froensbourg, le Grand Geroldseck.

 

En 1525 : le Bas-Rhin actuel est le théatre de la première grande révolte paysanne, "la Guerre des Rustauds", et de sa fin tragique dans un véritable massacre. Plusieurs châteaux seront détruits.

 

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Au XVIIè siècle : période la plus sombre de l'histoire ancienne de l'Alsace et la plus décisive pour le patrimoine castral. La guerre de trente ans (1618-1648) ensanglante l'ensemble du territoire alsacien. Au cours de cette terrible guerre, un grand nombre de châteaux sont démolis par les Suédois ou les Impériaux. Après le rattachement de l'Alsace à la France en 1648 (Traité de Westphalie), les troupes de Montclar parachèvent le travail de destruction.

Peu de châteaux résisteront. Seuls trois seront encore habités jusqu'au XVIIIè siècle : le Haut-Barr, la Wasenbourg et l'Andlau jusqu'en 1806. Le Haut-Koenigsbourg est le seul a avoir été restauré au début du XXè siècle (à partir de 1900), à la demande de l'Empereur Guillaume II de Hohenzollern, Empereur d'Allemagne (la région est alors allemande).

 

 

Source : brochure ADT Alsace

 

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